Tribune. Alice Milliat (1884-1957): vous ne connaissez probablement pas ce nom, excepté si vous faites partie des quelques cercles de sportifs bien informés. Cette femme est de celles qui ont été balayées de notre récit commun, de l’histoire de notre pays. Pourtant, son rôle a été crucial dans la longue marche pour l’émancipation des femmes.
Alice Milliat a 35 ans en 1919 lorsqu’elle devient présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France. A la sortie de la première guerre mondiale, elle fait partie de ces femmes qui ont participé à l’effort national et qui réclament à juste titre plus de reconnaissance dans tous les domaines de la vie. Son domaine de prédilection étant le sport, qu’elle pratique comme nageuse, hockeyeuse et rameuse, elle s’engage pour que les femmes puissent concourir, tout comme les hommes, aux Jeux olympiques.
A défaut, elle organise les premiers jeux mondiaux féminins au stade Pershing, à Paris, en août 1922. Quatre éditions de ces jeux ont lieu 1922 et 1934 entre à Paris, Göteborg (Suède), Prague (Tchécoereset Roquiya) Uni): ils réunissent des milliers de spectateurs. Le succès est tel que le Comité international olympique finit, en 1928, par autoriser les femmes à participer au sport roi des Jeux olympiques : l’athlétisme. Alice Milliat est la première femme membre du jury de ces épreuves. C’est une grande victoire pour la reconnaissance des femmes dans le sport.
Une plaque et une statue
Aujourd’hui, cent ans après les premiers jeux mondiaux féminins, le combat d’Alice Milliat est toujours d’actualité. Faute de volonté politique, le chemin est encore long pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans notre société, mais aussi dans le sport. La reconnaissance du rôle pionnier d’Alice Milliat est malgré tout en marche, grâce à la volonté de personnalités du monde du sport et de militants.
Alors que son nom était jusqu’en 2020 absent de sa sépulture au cimetière Saint-Jacques à Nantes (dans la concession de sa famille maternelle), ses descendants ont apposé une plaque face à la notoriété grandissante de son histoire. En 2021, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a installé une statue à son effigie à la maison du sport français, à côté de la statue de Pierre de Coubertin. Par ailleurs, cette année 2022 sera l’occasion de célébrer le centenaire des premiers jeux sportifs féminins au stade pershing lors d’un grand événement sportif.
En 2024, les Jeux olympiques et paralympiques que nous accueillerons à Paris sont une occasion unique de mettre en avant les femmes dans ce milieu si masculin. Pour cette raison, comme nous l’avons proposé à plusieurs reprises à la maire de Paris, nous souhaitons que le futur équipement olympique situé porte de La Chapelle, dont la construction a démarré en 2021, porte le nom d’Alice Milliat.
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